L’imam Ibn Qayyim رحمه الله a dit : « Parmi les hommes qui se fourvoient le plus, figure celui qui est trompé par ce bas-monde et le préfère à l’au-delà, et s’en satisfait, au point que l’un d’eux dise : Ce bas-monde est un paiement comptant, alors que l’au-delà est un paiement différé, et le paiement comptant est meilleur que le paiement différé. » Un autre dit : « Un gain comptant est meilleur qu’une perle promise. » Un autre encore dit : « Les délices de ce bas-monde sont certains, les délices de l’au-delà sujets au doute, et je ne laisse pas ce qui est certain pour ce qui est douteux. »
C’est là une des plus grandes tromperies et illusions de Satan, et les animaux sont plus sensés qu’eux, car lorsque les animaux craignent le méfait d’une chose, ils ne s’y risquent pas, même si on les frappe, alors qu’eux se risquent en ce qui les détruira, et ils sont entre l’attestation et le reniement. Ce genre d’individu, même s’il croient en Allah, Son Messager, Sa rencontre et la rétribution, ils comptent parmi les plus malheureux des hommes, car ils commettent cela sciemment ; et s’ils ne croient pas en Allah et Son Messager, ils sont plus éloignés encore.
Quant aux propos de celui qui dit : « Le paiment comptant est meilleur que le paiment différé », on peut y répondre que si la valeur du paiment comptant et du paiement différé sont équivalentes, le paiment comptant est meilleur, mais s’ils différent et que la valeur du paiement différé est plus grande, ce dernier est meilleur. Que dire lorsqu’on sait que tout ce bas-monde, du début à la fin, est semblable à une seule respiration dans l’au-delà ? Tout comme dans Musnad de l’imam Ahmad, At-Tirmidhî et autres, selon le hadith de Al-Mustawrid Ibn Shaddâd qu’Allah l’agrée, qui rapporte que le Messager d’Allah ﷺ a dit : « Ce bas-monde est, au regard de l’au-delà, semblable au fait que l’un de vous trempe son doigt dans la mer, qu’i voit ce qu’il en retire ? » (Sahîh Al-Jāmi’, Muslim n°2858)
Ainsi préféré ce qui est donné comptant à ce qui est différé figure parmi les plus grandes tromperies et les pires des ignorances. Si telle est la valeur de l’ensemble de ce bas-monde face à l’au-delà, que dire du temps de l’existence humaine face à l’au-delà ?
Qu’est-il de prioritaire pour l’homme sensé ? Préférer ce bas-monde pour ce court instant, et ainsi se priver du bien éternel dans l’au-delà ? Ou délaisser une chose minime, méprisable et bientôt abandonnée, pour obtenir ce qui n’a pas de valeur estimable, ne peut être imaginé et dénombré, et qui est sans fin ? »
Péchés et guérison ( الداء والدواء ) d’Ibn Qayyim, رحمه الله , p.40 et 41